Aude Fauvel

Docteure en histoire
Maître d’enseignement et de recherche à l’Institut des humanités en médecine, CHUV-UNIL

Aude_Fauvel

Pourquoi les couleurs de la mort sont-elles si importantes selon vous ?

Il y a 4 siècle et demi Montaigne écrivait qu’il fallait apprendre à mourir pour apprendre à vivre. Malgré son âge, ce conseil n’a peut-être jamais été aussi actuel. Nos sociétés répugnent en effet à évoquer la mort. Quand on en parle, c’est en termes techniques, quand on la montre, c’est de façon aseptisée. Or cette invisibilisation est récente et c’est un problème : il est même démontré qu’elle péjore la santé mentale des populations. Il est donc crucial aujourd’hui de nous réinterroger, ensemble, sur les moyens de vivre une « belle mort », comme le disait Montaigne.

Pourquoi êtes-vous membre de notre comité ?

En tant qu’historienne affiliée à un hôpital, mon rôle n’est pas seulement de comprendre le passé, il est aussi d’accompagner le présent. C’est pourquoi j’ai souhaité m’associer aux Couleurs de la mort. Comme d’autres, je pense que nous traversons en effet un moment historique. Durant la pandémie, le désarroi de toutes celles et ceux qui n’ont pu ni aller à l’hôpital, ni au cimetière pour dire adieu à leurs proches, a révélé combien nos sociétés étaient pauvres en mots et en rituels. Le traumatisme est profond, mais il peut aussi être vecteur de changement. C’est en tous cas ce que l’histoire nous apprend : à espérer et à rêver d’autres possibles.