Christine Fawer Caputo

Professeure HEP associée
Dr en sciences de l’éducation

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Pourquoi les couleurs de la mort sont-elles si importantes selon vous ?

Autrefois la mort faisait partie de la vie. Elle était anticipée, réglée, ritualisée. Chacun, tant le mourant que l’entourage, savait quelle place tenir dans cette dernière étape de l’existence. Les enfants y étaient intégrés dès leur plus jeune âge, si bien que la mort leur devenait familière et qu’ils construisaient un savoir bien utile quand, devenus adultes à leur tour, ils étaient amenés à se séparer d’un proche.

De nos jours, la mort est trop souvent occultée et intimisée, et on écarte les enfants des rites funéraires dans le souci de les protéger. Ce savoir sur la mort, transmis de génération en génération, s’est largement perdu si bien que beaucoup de personnes se sentent démunies quand arrive l’heure du grand passage pour un parent ou un ami. Les Couleurs de la mort se donnent l’objectif d’éclairer les pratiques qui entourent le décès (avant, pendant et après), de rendre visibles les besoins des endeuillés et d’organiser des débats de société pour libérer la parole autour de la thématique.

Pourquoi êtes-vous membre de notre comité ?

En tant que professeure à la Haute École Pédagogique qui forme les enseignants et en tant qu’ancienne enseignante, je suis particulièrement sensible à la mort et au deuil quand ils s’invitent à l’école. Les drames n’épargnent pas les enfants et les adolescents, et on oublie parfois qu’on peut mourir jeune, de maladie ou tragiquement, ou se retrouver endeuillé par une perte parentale à un âge où on est en plein développement. Perdre un élève ou accompagner un orphelin sont des sujets encore peu visibles dans l’enseignement mais également dans la société. Il me semble donc essentiel de rappeler qu’on peut mourir à tout âge.